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L’indien Bharti, nouveau géant télécom

 

La Tribune, 1er avril 2010

EN ACHETANT LES ACTIFS AFRICAINS DE ZAIN, VALORISÉ 10,7 MILLIARDS DE DOLLARS, le leader de la téléphonie mobile en Inde devient un opérateur mondial de premier plan.

PAR PATRICK DE JACQUELOT, À NEW DELHI

« C’est la première fois qu’un opérateur télécoms indien achète un acteur global : cette initiative de Bharti va ajouter une nouvelle dimension à l’histoire de la croissance de l’Inde. » Ces commentaires d’Amit Mitra, secrétaire général de l’organisation patronale indienne Ficci, illustrent à quel point l’acquisition des actifs africains du groupe koweitien Zain par l’opérateur Bharti Airtel, confirmée mardi soir, est considérée comme historique pour le pays. Cette opération va donner naissance à un géant « Sud-Sud » de la téléphonie et hisser le groupe indien dans le peloton des cinq premiers opérateurs mondiaux.

Cette acquisition « va transformer Bharti » et nous permettre de « réaliser notre vision d’édification d’une multinationale de classemondiale », s’est félicité Sunil Mittal, le PDG du groupe indien.

CONSTANCE ET FINANCEMENT

Il aura fallu à l’entrepreneur, créateur de Bharti Airtel, de la constance et de l’argent pour concrétiser cette vision. De la constance : Bharti a élaboré deux années de suite un projet de fusion avec le grand groupe sud-africain de télécoms MTN, sans jamais aboutir.

C’est donc en se reportant sur Zain que le groupe indien sera arrivé à ses fins. L’acquisition des actifs africains du groupe koweitien, convoités un temps par Vivendi, va lui permettre de pénétrer d’un seul coup quinze marchés d’Afrique (dont le Tchad, les deux Congo, le Nigeria...) en se retrouvant leader dans une dizaine d’entre eux. De l’argent : Bharti Airtel paye 9 milliards de dollars pour son acquisition, à quoi s’ajoute une reprise de dettes de 1,7 milliard. Le groupe signe ainsi la deuxième plus grosse acquisition jamais réalisée par l’Inde à l’étranger, après celle du sidérurgiste Corus par Tata Steel en 2007 (12 milliards de dollars).

Avec cette opération, Bharti, dont l’opérateur de Singapour SingTel détient 32%, revendique le 5e rang des opérateurs mondiaux, avec 179 millions de clients. Jusqu’ici, le groupe ne disposait que d’une poignée de clients au Bangladesh et au Sri Lanka, en dehors de sa place forte en Inde où il est le leader incontesté du marché.

Airtel, numéro un sur le marché indien

SUCCÈS À TRANSFORMER

D’ailleurs, l’opérateur n’aurait-il pu se contenter de se renforcer sur son marché domestique, au fabuleux potentiel? L’Inde, après tout, connaît la plus forte croissance du monde pour la téléphonie mobile, avec, chaque mois, environ 19 millions de nouveaux abonnés. Fin février, il y avait 564 millions d’utilisateurs de mobiles... Un gâteau en expansion constante, dont Bharti Airtel détient 22,1%.

Mais ce marché indien est devenu terriblement concurrentiel avec treize opérateurs en activité. La guerre des prix est acharnée, avec des tarifs tombés en dessous du centime d’euro la minute. Dans ces conditions, le groupe peine à préserver sa rentabilité et estimait donc avoir besoin de nouveaux champs de développement. Reste à transformer cette acquisition en succès. « C’est une immense opportunité pour Bharti, ils vont pouvoir répliquer leur savoir-faire dans ces nouveaux marchés », explique Kunal Bajaj, patron du consultant en hautes technologies BDA. Avec une recette moyenne mensuelle par client de 3,7 euros environ, Bharti est passé maître de la formule « très grand nombre de clients-très faibles recettes unitaires-très faibles coûts de fonctionnement ». Cette transposition ne sera pas forcément facile, mais les actifs achetés « sont corrects », poursuit Kunal Bajaj. Et, l’expert en est certain, le groupe indien ne s’arrêtera pas là : « Ce n’est que le début, affirme-t-il, je suis sûr qu’ils vont regarder d’autres marchés en développement.»

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