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Les infrastructures urbaines de Bangalore font rêver les entreprises françaises

 

Les Echos, 3 février 2014

La croissance de la capitale indienne de l'informatique suscite de gigantesques besoins d'aménagement dans la ville. Les champions français du transport, du traitement de l'eau ou du mobilier urbain sont bien positionnés.

Patrick de Jacquelot
— Envoyé spécial à Bangalore

Ce n'est pas l'eldorado, mais ça y ressemble. « Qu'il s'agisse de distribution d'eau, de traitement des déchets, de transports ou d'énergie, nos besoins sont gigantesques », a ainsi affirmé Kaushik Mukherjee, le patron de l'administration du Karnataka, devant une délégation d'une quinzaine d'entreprises françaises œuvrant dans les infrastructures urbaines venues jusqu'à Bangalore.

Très ambitieux, les projets envisagés par cet Etat de 61 millions d'habitants situé au sud de l'Inde, connu par sa capitale, haut lieu de la high-tech dans le pays, mettront certes longtemps à se concrétiser. Mais la présence française sur place est déjà bien réelle et son potentiel de développement important.

Car la préoccupation numéro un des autorités est de contrôler l'impact de la croissance démographique sur les structures urbaines. De 12 millions d'habitants actuellement, l'agglomération devrait en effet passer à 16 millions en 2021. Pour faire face, les autorités ont élaboré des projets considérables, comme l'ont expliqué les responsables de l'Agence de développement de l'agglomération de Bangalore à la délégation française menée par Paul Hermelin, PDG de Capgemini et représentant spécial du gouvernement pour la relation économique avec l'Inde, et François Richier, ambassadeur de France à Delhi. Pas moins de trois autoroutes périphériques concentriques et cinq villes nouvelles sont ainsi en projet autour de l'agglomération… Autant de schémas qui, pour se concrétiser même partiellement, nécessiteront de gros apports techniques et financiers.

Technologies modernes

Métro de Bangalore, phase 1: une présence française significative

De tels besoins se retrouvent partout en Inde, mais le Karnataka est sans doute plus avancé en la matière que d'autres Etats. Plus riche que la moyenne, il bénéficie de l'ouverture sur le monde et les technologies modernes que lui apportent les secteurs de l'informatique et de l'aéronautique concentrés à Bangalore.

Les entreprises françaises présentes dans la délégation étaient donc d'autant plus intéressées par les projets de la région qu'elles y sont souvent déjà présentes, avec des contrats et/ou des implantations. Plusieurs d'entre elles sont actives dans le métro en construction, qui bénéficie d'un financement de 110 millions d'euros de l'Agence française de développement. Alstom dispose à Bangalore d'un centre de développement de 350 personnes et, comme Thales, fournit des équipements (lire ci-dessous), tandis que Systra participe à la maîtrise d'œuvre. Retenu également pour la phase deux du métro, le groupe d'ingénierie va ouvrir cette année un bureau dans la capitale de l'Etat, qui abritera une quarantaine de ses 300 salariés en Inde.

Egis, son concurrent français, est lui aussi doublement présent, avec les 100 personnes de sa filiale Geoplan (modélisation spatiale) et des contrats de remise en état de routes du Karnataka. Quant à Dassault Systèmes, il dispose d'une équipe à Bangalore qui œuvre - pour le monde entier - sur son logiciel de simulation 3D d'infrastructures urbaines. Un logiciel que Prashanth Mysore, son responsable local, aimerait bien voir utilisé par les autorités de la région.

Entre l'implantation de filiales liées souvent à l'informatique ou à l'aéronautique et l'obtention de contrats locaux, la présence française à Bangalore se développe rapidement : les Français immatriculés au consulat sont passés de 106 en 2003 à quasiment 700 aujourd'hui. L'obtention de nouveaux contrats urbains ne ferait qu'accentuer le phénomène. Les premières études devraient être lancées avant l'été.

 

Les chiffres clefs

16 MILLIONS
Le nombre d’habitants de Bangalore en 2021, contre 12 actuellement.

110 MILLIONS D’EUROS
Le financement de l’Agence française du développement pour le métro, en construction, de la capitale du Karnataka.


Trois marchés à fort potentiel dans l'Etat du Karnataka

Photo Alstom

La construction du métro de Bangalore
Plusieurs entreprises françaises participent au lancement de la première phase du métro de Bangalore, dont un premier tronçon de 6 kilomètres est entré en service. La société d'ingénierie Systra est membre du consortium maître d'œuvre de tout le projet, tandis que Thales et Alstom, en association, fournissent respectivement les télécommunications et un système de signalisation avancée. Pour la phase 2, Systra a déjà été chargé du design d'un tronçon de 16 kilomètres et les fournisseurs de matériel sont sur les rangs.



Photo Veolia

La gestion de la distribution d'eau
Dans le Karnataka, l'Etat de Bangalore, Veolia Environnement a obtenu des contrats de gestion de la distribution d'eau dans plusieurs petites villes, ainsi que pour l'Institut des sciences de la capitale de l'Etat. Selon Patrick Rousseau, patron de Veolia Environnement en Inde, « le Karnataka est l'Etat indien le plus avancé en matière d'eau ». A Bangalore même, Suez Environnement a signé un contrat pour réduire les pertes d'eau dans la ville, tandis que sa filiale Degrémont gère cinq stations de traitement des eaux usées et deux de traitement d'eau.

 



Photo JCDecaux

Le développement du mobilier urbain
Depuis l'entrée en service du nouvel aéroport de Bangalore en 2008, JCDecaux y gère la concession publicitaire, tant à l'intérieur qu'à l'extérieur. Ce contrat, d'une durée de sept ans, est encore modeste par rapport à la principale implantation indienne du groupe de mobilier urbain, à savoir les 1.200 Abribus de Delhi. Mais Pramod Bhandula, directeur général de JCDecaux en Inde, s'attend à « une forte croissance ». Bangalore « veut avoir ce qui se fait de mieux, comme à Delhi », explique-t-il, mais cela « prendra un peu de temps ».



Lumiplan, une PME nantaise qui mise gros sur l'Inde

Spécialiste des systèmes d'information pour transports urbains, Lumiplan ambitionne de réaliser un tiers de son chiffre d'affaires en Inde.

Faire de l'Inde un moteur essentiel de la croissance d'une PME française de 160 personnes ? C'est le pari de Lumiplan, entreprise basée à Saint-Herblain, à la périphérie de Nantes, et spécialisée notamment dans les systèmes d'information sophistiqués pour moyens de transport. Elle dispose d'ores et déjà à Bangalore d'une filiale de 20 personnes qui adaptent ses produits aux marchés asiatiques, et joue à fond le marché local. Un financement public français (Fasep) lui a permis de démontrer à la ville voisine de Mysore l'efficacité de son logiciel, développé pour établir les horaires des réseaux de bus : « Nous arrivons à une baisse de 15 % du coût d'exploitation tout en augmentant le nombre de passagers », explique David Moszkowicz, patron de Lumiplan Inde.

Deux appels d'offres

Dans la foulée, la société a obtenu un contrat de la Banque mondiale pour rationaliser le réseau de bus de Mysore. Elle est aujourd'hui en piste pour deux appels d'offres portant sur les lignes de bus de Bangalore et du nord-est du Karnataka.

Cet Etat « est moteur dans ce qui se fait en Inde dans le transport public, estime Hervé Beaudet, directeur général de Lumiplan Asie. Si ça marche avec eux, le marché va exploser ! »

Le groupe ambitionne à court terme un chiffre d’affaires indien de 1 million d'euros par an, pour des ventes mondiales de 29 millions. Mais, à horizon de quelques années, « l'Inde a le potentiel d'augmenter le chiffre d'affaires du groupe de 30 à 40 % », prévoit Hervé Beaudet. A condition toutefois de « réussir à adapter des produits français de haute technologie à un marché indien qui demande des prix nettement plus faibles ».

P. de J.

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