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A. R. Rahman, le prodige de la musique indienne

 

Thèmes: Culture

La Tribune, 4 avril 2009

Le compositeur de la bande originale de « Slumdog Millionaire », A. R. Rahman, abolit les frontières dans la vie comme dans la musique.

 

« L’Inde brise le mur du son »: c’est ainsi que le quotidien « Times of India » saluait, le 24 février dernier, la victoire de « Slumdog Millionaire » aux oscars. Un titre qui peut sembler étrange mais qui reflète une évidence : pour l’Inde, des huit oscars raflés par le film, les plus importants sont ceux de la meilleure musique et de la meilleure chanson. Leur auteur ? A. R. Rahman. Musicien prodige idolâtré dans son pays, sa spécialité semble être, précisément, de briser les murs et de construire des ponts entre les musiques, les continents, les religions...

Alors que son nom était à peu près inconnu en Occident jusqu’aux oscars, Rahman est une superstar en Inde depuis le début des années 1990. Avec à son actif plus d’une centaine de bandes originales de films, il règne sur une musique qui représente à elle seule l’essentiel de la musique de variétés dans le pays.

Il est tout aussi encensé pour ses talents de musicien que pour sa personnalité hors norme, qui lui permet de surmonter tous les clivages. « C’est un génie ! » affirme, des frissons dans la voix, une jeune femme se revendiquant hindouiste d’extrême droite et qui exprimait sans retenue quelques minutes plus tôt son aversion pour les musulmans. Oubliant ainsi que A. R. Rahman a commis une « trahison » plutôt rare : né hindou, il s’est converti à l’islam à l’âge de 21 ans. Changeant pour l’occasion son nom du très hindou Dilip Kumar de sa naissance au très islamique Allah Rakha Rahman d’aujourd’hui. Et il ne manque pas une occasion de proclamer son mysticisme : « Je meurs cinq fois par jour et je renais » à l’occasion des cinq prières quotidiennes, expliquait-il dans une interview récente...

« Slumdog Millionaire » a fait connaître A. R. Rahman dans le monde entier

« Mozart de Madras »

Réputé pour son extrême gentillesse et son ouverture aux autres, le compositeur, âgé de 42 ans, semble en fait capable d’effacer toutes les barrières. Entre le sud et le nord du pays : d’origine tamoule, et vivant toujours à Chennai (ex-Madras), grande ville du Sud, Rahman a conquis le cinéma en langue hindi, du nord de l’Inde, réalisé à Bombay. Entre les musiques, aussi. Il a étudié la musique classique indienne à Chennai, mais aussi la musique classique occidentale au Trinity College de Londres, et ne recule devant aucun mélange. Ses compositions puisent aux sources indiennes, mais s’enrichissent d’emprunts au jazz, au rock, au hip-hop, au reggae. Si son surnom de « Mozart de Madras » peut sembler excessif, la musique de Rahman est toujours séduisante, avec des mélodies et des atmosphères envoûtantes, grâce à son exceptionnelle maîtrise du son. « Il comprend très bien le langage cinématographique, analyse Nasreen Kabir, spécialiste du cinéma indien, il sait mettre le son en espace. »

Depuis son triomphe aux oscars, Hollywood fait les yeux doux au compositeur vedette de Bollywood, qui semble prêt à se laisser tenter. L’occasion pour lui de lancer encore de nouveaux ponts, entre l’Inde et l’Occident cette fois.

PATRICK DE JACQUELOT, À NEW DELHI

Écouter A. R. Rahman

La gloire internationale du compositeur indien est encore si récente qu’il n’est pas forcément aisé de se procurer ses disques. Amazon.fr propose de quoi se faire une première idée, avec le CD de « Slumdog Millionaire », bien sûr, mais aussi la bande originale très réussie de « Swades » et une anthologie de la carrière du musicien, « Introducing A. R. Rahman ». Les utilisateurs d’un iPhone ou d’un iPod pourront trouver un choix plus large sur iTunes, le service de musique en ligne d’Apple.

A recommander : la musique somptueuse du film historique « Jodha Akbar », celle, moderne et entraînante, de la comédie « Saathiya » ; et surtout un chef-d’œuvre : « Water », une musique ancrée dans la tradition indienne avec des mélodies inoubliables.

Pour aller plus loin, une direction s’impose : les boutiques de CD et DVD du quartier indien de Paris, autour de la rue du Faubourg-Saint-Denis, où les œuvres complètes de Rahman peuvent être trouvées à des prix défiant toute concurrence...

P. DE J.

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