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Le Bhoutan, paradis environnemental

 

La Tribune, 6 juillet 2010

Le royaume himalayen, considéré comme un modèle, cherche les voies d’un DÉVELOPPEMENT NON DESTRUCTEUR.

Voir le diaporama associé et l'article Leçon de bonheur national brut au Bhoutan


PAR PATRICK DE JACQUELOT, AU BHOUTAN

C’est peut-être le pays du monde le plus vertueux en matière d’environnement : le Bhoutan, petit royaume de l’Himalaya, a promis à la communauté internationale qu’il resterait à perpétuité à un niveau zéro d’émissions de carbone ; sa Constitution prévoit une couverture forestière d’au moins 60 % ; le trekking de haute montagne est interdit pour protéger celle-ci ; les parcs nationaux couvrent la moitié du pays ; le tourisme de masse est exclu grâce à une politique élitiste imposant des dépenses minimum de 200 dollars par personne et par jour à tout visiteur étranger...

Cette exceptionnelle protection de l’environnement, l’un des principes fondateurs de la doctrine du « Bonheur National Brut » en vigueur dans le pays,
est immédiatement perceptible au visiteur : un air pur, des montagnes boisées à l’infini, des villes propres, une architecture traditionnelle omniprésente, le royaume a des allures de petit paradis environnemental. Mais si aux yeux des Bhoutanais la protection de l’environnement n’a pas de prix, elle a un coût élevé. « Pensez à ce que nous rapporteraient nos forêts si nous les exploitions comme l’Indonésie ou le Brésil ! », s’exclame un officiel. Le pays, qui veut améliorer les conditions de vie de ses 680.000 habitants, s’efforce donc de jeter les bases d’une économie moderne résolument verte.

PROJETS VIRTUELS

Temples et drapeaux de prière au sein de forêts jalousement protégées

La capacité hydroélectrique du Bhoutan lui assure une certaine prospérité, mais crée peu d’emplois. La « Politique de développement économique » adoptée au printemps par le gouvernement ambitionne de développer dans les dix ans des activités totalement non polluantes : un centre international de services financiers, du tourisme médical de luxe, des universités susceptibles d’attirer des dizaines de milliers d’étudiants étrangers, et des activités high-tech à l’image du grand frère indien. Le problème, c’est que tout cela reste virtuel : « Ils ont plus de projets qu’ils ne peuvent en réaliser », commente l’économiste d’une institution internationale.

Le secteur de l’environnement lui-même est appelé à croître. « Des entrepreneurs privés pourraient développer des activités dans des domaines comme le traitement des déchets où il y a beaucoup à faire », affirme Tobgay Sonam Namgyel, directeur du Bhutan Trust Fund for Environmental Conservation, qui veut réorienter vers le secteur privé une partie des 43 millions de dollars dont il dispose et qui cite l’agriculture organique comme un autre domaine à gros potentiel. Et le pays ne veut pas rester sur une « monoculture » hydroélectrique : l’électricien national, Druk Green Power Corp, qui affiche l’épithète « vert » dans sa dénomination, teste des solutions solaires pour les villages reculés.

Reste qu’en matière d’environnement, la vertu n’est pas récompensée. Etre le meilleur élève de la classe n’empêche pas le Bhoutan d’être menacé par le réchauffement global : le recul des glaciers fragilise des lacs glaciaires d’altitude qui menacent d’exploser. Quand cela arrivera, affirme-t-on au WWF du royaume, « de véritables tsunamis de montagne » ravageront les vallées en contrebas...

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