Accueil |
Articles |
Photos |
Profil |
Contact |
NOTE DE LECTURE
Littérature indienne : un dictionnaire pour
explorer un univers méconnu
Thèmes: Culture |
Asialyst, 8 avril 2025
La parution du Dictionnaire encyclopédique
des littératures de l’Inde et de l’Asie du Sud
permet au lecteur occidental de se repérer dans une
production considérable, riche de multiples langues,
cultures et traditions.
Patrick de Jacquelot
A l’image de l’Inde tout entière, de
son Histoire et de sa civilisation, la littérature
indienne est un monde que l’on n’a jamais fini
d’explorer. S’y repérer n’est pas facile, tant les
genres, les époques et les langues sont multiples. Il
faut donc saluer la parution d’un considérable Dictionnaire
encyclopédique des littératures de l’Inde et de
l’Asie du Sud qui constituera un précieux outil
pour quiconque veut se plonger dans cet univers
fascinant.
Que connaît-on en France de la littérature indienne ?
Une poignée d’auteurs comme Salman Rushdie ou Amitav
Ghosh ont atteint le grand public – encore faut-il
souligner qu’il s’agit d’écrivains de langue anglaise
vivant hors d’Inde. Même si de nombreux romans récents
ont été traduits en français, seule la partie émergée
de l’iceberg est accessible : la littérature
contemporaine en anglais. Mais l’on ne sait rien ou
presque des œuvres anciennes ni de celles écrites dans
les multiples langues autochtones.
Les trois concepteurs de ce dictionnaire
encyclopédique, Anne Castaing, Nicolas Dejenne et
Claudine Le Blanc, ont d’ailleurs dû résoudre de
multiples problèmes de frontières géographiques, de
langues, de genres pour bâtir un ouvrage dont les
quelque 1000 pages ne pouvaient prétendre à
l’exhaustivité. Ainsi ont-ils décidé, par exemple, de
ne pas retenir « la vaste littérature
philosophique, théologique et rituelle »
(notamment en sanskrit).
![]() |
Librairie de rue
à Bombay (Photo P. de J.) |
SUJETS TRANSVERSAUX
Pour s’en tenir à la littérature contemporaine, l’amateur sera comblé. Les 117 contributeurs français et étrangers fournissent bien entendu des notices sur les principaux auteurs mais ne s’en tiennent pas là. Le volume ne se borne pas, heureusement, à une conception érudite et élitiste de la littérature. A côté des auteurs de « grande littérature » comme Salman Rushdie, on trouve Chetan Bhagat, célèbre pour ses nombreux romans souvent considérés comme de la littérature de gare tant ils sont faciles à lire. Bhagat n’en est pas moins un écrivain intéressant qui sait capter les ambitions et les désarrois de la jeunesse indienne d’aujourd’hui, celle qui rêve de travailler dans la high-tech et de faire un mariage d’amour, sans toujours y réussir.
|
On peut évidemment regretter l’absence de jeunes auteurs contemporains intéressants comme Prajwal Parajuly, mais même un volume aussi copieux ne peut prétendre à tout traiter. Signalons enfin certaines scories. L’auteur Vikram Seth est cité à de multiples reprises avec une * signalant une notice à son nom, notice qui n’existe pas. Des mentions de son roman majeur Un garçon convenable figurent sous son titre français avec une * là aussi mais pas de notice non plus. C’est finalement sous l’intitulé A suitable boy, le titre d’origine, que Seth et son œuvre sont abordés, un choix pas très cohérent : des romans de premier plan comme Les enfants de minuit de Rushdie ou L’équilibre du monde de Mistry sont traités sous le nom de leur auteur, pas sous forme de notice individuelle.
Autant de menus problèmes qui ne retirent rien à l’intérêt d’un volume appelé à devenir la référence pour les amoureux de la littérature indienne.
A LIRE
Dictionnaire encyclopédique des littératures de l’Inde et de l’Asie du Sud
Sous la direction d’Anne Castaing, Nicolas Dejenne et Claudine Le Blanc
1018 pages
Classiques Garnier
45 euros broché, 94 euros relié
Accueil |
Articles |
Photos |
Profil |
Contact |